samedi 4 mai 2013

La digital detox ou pourquoi la documentaliste n'y croit pas

La dernière idée à la mode est la "digital detox", une détoxication du portable, des ordinateurs et d'internet. En effet, ceux-ci apporteraient de nombreux mots : isolement, absence de culture et surtout destruction des relations sociales.

Présenté ainsi, Internet parait être extrêmement dangereux et à bannir. Pourtant, nous ne le faisons pas en masse.
Mettons un peu les critiques en perspective.

  • l'isolement
En effet, quand nous sommes en train d'utiliser un ordinateur, nous ne parlons pas avec un humain. Pourtant Internet n'a jamais été aussi social, c'est le fameux web 2.0. On intervient et on crée du contenu à chaque instant. Internet nous permet de communiquer avec d'autres professionnels ou des amis qui pourtant vivent à l'autre bout du monde.
  • l'absence de culture
On reproche beaucoup à Internet d'être la justification à ne pas apprendre. Pourtant, combien de fois avez-vous ouvert Internet pour vérifier une information ? Personnellement, je le fais plusieurs fois par jour. Est-ce que reconnaître ses doutes et méconnaissances est réellement une absence de culture ? Ou plus simplement n'est-ce pas au contraire plutôt sain dans un contexte professionnel concurrentiel où les erreurs peuvent avoir de graves conséquences ?
  • la destruction des relations sociales
C'est, je pense, la principale critique, celle qui revient le plus souvent. Souvenez-vous des années 90 avant qu'Internet, les ordinateurs ou les téléphones portables deviennent courant. Connaissiez-vous bien tous vos voisins ? Depuis, cessez-vous de parler à votre boulanger ou à votre boucher ?


Je ne crois pas que la Digital Detox soit un besoin. On peut souhaiter l'expérimenter pour soi-même, mais je crois surtout que l'être humain réagit face à ces nouveaux outils comme il l'a fait par le passé.
  • Le walkman allait générer une génération de mal-entendants.
  • La télévision devait abêtir la civilisation entière.
  • La radio et ses ondes allaient nous brouiller le cerveau.
  • Le train, comme la voiture, devait rendre malade, voire tuer à cause de la vitesse de déplacement.
  • La presse risquait de pervertir, vu qu'elles diffuseraient des idées non-censurées et non-expliquées au plus grand nombre.
  • L'imprimerie a été taxée d'abêtissement de la population, car nous n'aurions plus besoin d'apprendre par coeur les choses, vu qu'elles seraient écrites et accessibles au plus grand nombre.
Au final, peut-être avons-nous juste peur des technologies que nous n'avons pas toujours connues. Et en réalité, ce n'est pas tant ces supports -qui ne sont que des outils- qui posent question, mais plus leurs utilisations et l'image que nous en retirons.

Car honnêtement, passer son week-end à lire l'intégralité des oeuvres de Victor Hugo via des livres papiers ou des ebooks est le même acte. Pourtant, nous jugeons le premier comme preuve de culture et le second comme une activité qui n'est pas saine.
La seule véritable différence entre ces deux actions reste le support, le regard que nous avons ainsi que le jugement nous portons sur des technologies avec lesquelles nous n'avons pas toujours été en contact.



Alors, avant de préparer votre prochaine digital detox, demandez-vous ce que vous reprochez à ces outils et s'ils en sont réellement responsables. Car aucun ordinateur, téléphone portable ou Internet ne vous attachera à lui pour vous empêcher d'aller frapper chez votre voisine, saluer votre boulangère ou demander des nouvelles de son dernier à votre coiffeur.

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